Le vieillissement de la population est l’un des problèmes les plus graves de notre époque, mais qui ne fait pas l’unanimité. Au sein de l’Union européenne, il existe des indicateurs problématiques concernant les taux de natalité, ce qui suscite une réflexion sur l’avenir de la main-d’œuvre, et pas seulement dans notre pays.
Bien que l’Union européenne s’élargisse avec de nouveaux États membres et que la richesse de ses citoyens augmente, elle est aux prises avec ce problème. La diminution du nombre de naissances menace le marché du travail, le système de soins de santé et le système de retraite. Les rapports démographiques préviennent que la population de l’Europe s’éteint lentement. Dans le même temps, les enquêtes montrent que les Européens accueilleraient volontiers une progéniture plus nombreuse. Toutefois, uniquement dans l’hypothèse où ils seront économiquement suffisants pour le faire.
Verrons-nous une crise démographique ?
Il est fort à parier que nous assisterons à une crise démographique sans précédent au cours des prochaines décennies. En raison de la faiblesse des taux de natalité, du départ des jeunes à l’étranger, de l’augmentation de l’espérance de vie et de la fermeture d’esprit à l’égard des étrangers, nous pourrions devenir l’une des sociétés les plus vieillissantes de l’Union européenne. Le vieillissement de la population est, bien sûr, une tendance qui touche tous les pays développés du monde, ce n’est donc pas seulement notre problème. En termes de prévisions démographiques, l’Europe occidentale et septentrionale est nettement mieux lotie que l’Europe méridionale et orientale. La solution à la crise démographique doit donc inclure des mesures dans les secteurs de l’économie, de l’emploi et de la famille.
Alors que des pays comme la Norvège, le Danemark et l’Irlande verront leur population augmenter, la Finlande gardera une population à peu près stable. Après 2030, la Slovaquie est confrontée à une extinction progressive et, en même temps, à un vieillissement plus marqué de sa population que les pays d’Europe occidentale et septentrionale. Aujourd’hui, nous faisons toujours partie des nations européennes les plus jeunes, mais nous vieillissons plus vite que les autres. En 2060, nous devrions déjà figurer parmi les nations les plus vieillissantes d’Europe. Cela signifie qu’il sera beaucoup plus difficile de maintenir le financement des systèmes de santé et de retraite. Le vieillissement ne sera donc pas progressif, mais très dynamique. En conséquence, nous deviendrons l’une des populations qui vieillissent le plus vite en Europe.
L’effet des faibles taux de fécondité renforcera progressivement le vieillissement de la population.
Les évolutions démographiques des pays européens sont trop diverses pour permettre une prédiction unique de la croissance de la productivité en Europe. Aucun pays ne se situe uniquement du côté positif, mais certaines estimations de la tendance sont visibles. Les « gagnants » démographiques sont les pays les plus septentrionaux, mais aussi l’Allemagne, où la proportion de personnes âgées de 30 à 49 ans augmentera au cours de la prochaine décennie. Une tendance similaire devrait se produire au Danemark, en Belgique, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni. La croissance de la productivité du travail en Europe centrale et orientale pourrait également prendre fin en raison d’une diminution du nombre de travailleurs âgés de 30 à 49 ans due à leur migration continue vers l’Ouest. La République tchèque et la Hongrie le ressentiront particulièrement. La Slovaquie devrait être moins touchée, mais la prochaine décennie verra le même déclin des travailleurs.
Plusieurs raisons peuvent expliquer ces prévisions défavorables. Le taux de natalité en Slovaquie est plus faible que dans les pays d’Europe occidentale et septentrionale. Les femmes poursuivent davantage leur carrière, les mariages sont moins nombreux et les taux de divorce sont en hausse. À cela s’ajoutent les nouveaux modèles de cohabitation, qui incluent les parents isolés ou les unions homosexuelles. De nombreux jeunes partent vers des pays plus riches à la recherche d’une meilleure éducation et de meilleures carrières. Le paradoxe reste que nous sommes plutôt fermés aux immigrants d’autres pays et que nous ne sommes probablement pas particulièrement attrayants pour eux. Nous ne sommes donc pas le seul État à se battre ou… devront lutter contre la perte de personnes.
« L’émaciation naturelle est beaucoup plus fréquente en Europe qu’aux États-Unis en raison d’une population plus âgée, de taux de natalité plus faibles et d’un nombre moins élevé de femmes en âge de procréer. Le déclin naturel est une préoccupation politique majeure car il prive la région de sa résilience démographique, réduisant ainsi sa vitalité économique et sa compétitivité. »
– le démographe Dudley Poston et ses collègues de l’université A&M du Texas.
La migration comme solution à un problème
Si la population vieillit, elle créera moins d’emplois et plus de retraités. Il peut également y avoir une situation où la population augmente mais où le niveau économique ne crée pas les conditions d’une vie satisfaisante. Cependant, les travailleurs étrangers pourraient contribuer à la croissance de l’économie. Ils sont flexibles et vont dans les secteurs professionnels où la pénurie de main-d’œuvre est la plus forte.
« Les pays de l’Union européenne qui soutiennent la politique familiale et la conciliation de la vie professionnelle et familiale ont des taux de natalité plus élevés. L’immigration contribue de manière significative au renouvellement et au renforcement de la population active à différents niveaux d’expertise. »
– le sociologue François Héran
De notre point de vue, l’ouverture des frontières aux pays tiers est un moyen d’éviter une crise démographique. À moins que les taux de fécondité, de migration ou de mortalité n’augmentent de manière substantielle, la pression sur le système de retraite s’intensifiera rapidement. La migration peut être une condition essentielle pour éviter le vieillissement de la population et le déclin de la main-d’œuvre. Cela ne risquerait pas de surcharger les systèmes de retraite dans presque tous les pays de l’UE. Nous ne verrons des effets positifs que si la société est capable de gérer et d’intégrer la migration.