La numérisation va bouleverser le monde et les habitudes de travail dans les années à venir. Si ce changement présente un certain nombre de risques pour les employeurs, il pourrait également offrir un certain nombre d’opportunités, selon une analyse récente. La société est-elle prête pour cela ?

La prochaine révolution industrielle 4.0 aura un impact considérable sur la main-d’œuvre mondiale. Les machines et l’intelligence artificielle vont accroître leur part dans l’industrie, et la part de la main-d’œuvre humaine devrait passer de 71 % actuellement à 58 % d’ici 2025. Ce qui s’est produit dans toutes les révolutions technologiques du passé se produira. Celle d’aujourd’hui ne différera que par son rythme et son ampleur, qui sont sans précédent dans l’histoire.

L’homme contre la machine

L’atmosphère du marché du travail a radicalement changé ces dernières années. L’utilisation croissante de la robotique dans l’industrie manufacturière et les services, ainsi que l’essor anticipé de l’intelligence artificielle, sont souvent considérés comme des destructeurs d’emplois ou comme des outils d’intimidation des travailleurs. La flexibilité du travail peut, en fin de compte, signifier plus de travail, mais elle peut aussi entraîner du stress et affecter la santé. À cet égard, jusqu’à 78 % des personnes interrogées ont déclaré que la numérisation augmente leur charge de travail. Ils s’inquiètent de l’augmentation des performances et du contrôle comportemental requis. La révolution industrielle 4.0 à venir comporte donc des opportunités mais aussi des risques.

MESURE D’AUTOMATION (source : Trend)

Les nouvelles technologies créent également de nouvelles opportunités sur le marché du travail actuel. Même si 70 millions de villes changent ou disparaissent complètement, 133 millions de nouveaux emplois devraient être créés pour faire face à la nouvelle répartition des tâches entre les machines et les humains. Selon l’enquête, près de 40 % des entreprises mondiales prévoient de créer de nouveaux emplois grâce à l’automatisation et aux nouvelles technologies, et jusqu’à 60 % des emplois actuels pourraient être remplacés par des ordinateurs ou des robots grâce à la numérisation. La révolution industrielle 4.0 fera des gagnants qui en profiteront, mais aussi des perdants qui en ressentiront les pertes.

« L’avenir du travail est entre nos mains et dépendra dans une large mesure des décisions politiques des pays. Notre réussite ou notre échec dépend de ces décisions, de notre capacité à exploiter le potentiel d’une évolution numérique et technologique sans précédent, et de notre aptitude à faire face aux obstacles. »

– Organisation de coopération et de développement économiques

L’Allemagne est le leader de la robotique

L’internet des objets est au cœur de la quatrième étape de la révolution industrielle. Les tâches qui impliquent couramment des activités répétitives seront prises en charge par des machines et les gens passeront à des emplois créatifs. La communication de machine à machine dans l’usine devrait permettre d’augmenter considérablement la productivité et d’apporter un changement dans l’industrie. Les instruments ne seront pas seulement configurés pour réaliser une certaine performance, mais seront adaptés à différentes exigences. Le caractère personnalisable des machines fera participer les clients au processus de fabrication. La flexibilité dans le comportement et l’utilisation des appareils se traduira donc par une réduction drastique du coût de production.

LA CROISSANCE DES ROBOTS INDUSTRIELS (source : IFR World Robotics)

Si la robotisation de la production devait éliminer des emplois, des pays comme le Japon, la Corée du Sud ou l’Allemagne devraient faire face à un chômage apocalyptique. Cependant, en tant que leader absolu de la robotique en Europe, l’Allemagne affiche actuellement le taux de chômage le plus bas depuis 25 ans, même si le nombre de robots en Allemagne augmente à un rythme supérieur à la moyenne. L’usine Siemens d’Amberg est automatisée à 75 % et l’intervention humaine n’est généralement nécessaire que pour l’assemblage des équipements et la coordination de certains éléments du processus de production. Il en résulte une forte augmentation de la productivité et la probabilité d’un produit défectueux n’est que de 0,0000115%. Même la Slovaquie est l’un des leaders de la robotisation et le nombre de robots utilisés dans notre pays est en constante augmentation. Dans le même temps, notre emploi est en hausse.

MESURE DE LA ROBOTISATION (source : IFR World Robotics)

La tendance croissante à l’utilisation de robots dans l’industrie manufacturière est susceptible de redessiner la carte des chaînes de valeur mondiales. Dans le passé, les entreprises ont déplacé leur production des pays développés vers les pays émergents où la main-d’œuvre est bon marché. Aujourd’hui, de plus en plus d’exemples individuels d’entreprises opérant à l’échelle mondiale, ainsi que des études empiriques, indiquent que la production se déplace à nouveau vers les pays développés.

Faire passer l’intelligence artificielle au niveau supérieur

Pour que la révolution industrielle actuelle se poursuive au profit des pays industrialisés, les entreprises industrielles, les responsables gouvernementaux, les scientifiques et les partenaires sociaux doivent collaborer pour mettre en place des initiatives similaires à la révolution industrielle 4.0, qui a été couronnée de succès. Ce concept mondialement établi sera modernisé par l’intelligence artificielle, car cette technologie se retrouvera dans tout à l’avenir. Y compris l’informatique, la fabrication, l’exploitation d’installations industrielles, les produits et les services. L’IA industrielle peut faire passer la révolution industrielle 4.0 à la vitesse supérieure.

« Les outils de l’entreprise numérique se développent, notamment dans les entreprises automobiles, qui ont un besoin aigu de flexibilité, de réponse agile aux demandes des clients, de réduction des temps de production, d’augmentation de la qualité et de l’efficacité. Chaque minute, un modèle de voiture différent, avec des équipements différents, sort de la chaîne de production, ce qui impose des exigences entièrement nouvelles aux systèmes de gestion à tous les niveaux. Cependant, les technologies de l’entreprise numérique pénètrent aussi progressivement d’autres secteurs de l’industrie manufacturière. »

– Organisation de coopération et de développement économiques

Des chercheurs de l’université de Mannheim affirment que seuls 9 % des emplois seront menacés par l’intelligence artificielle, une enquête de l’OCDE les chiffre à 14 %, et des chercheurs de l’université d’Oxford estiment dans leur article que 47 % des emplois seront menacés par l’automatisation. On ne peut que deviner comment les derniers développements en matière d’intelligence artificielle et de robotique mobile affecteront les emplois. Toutefois, cela ne dit rien du rythme auquel les emplois seront automatisés. La tendance montre que les travailleurs occupant des emplois exigeant un faible niveau d’éducation et (généralement) des revenus plus faibles sont les plus exposés à l’automatisation. L’étude de l’OCDE, qui ne tient pas compte des variables démographiques, indique qu’entre 6 % (Norvège) et 33 % (Slovaquie) des emplois devraient être automatisés.